Accompagner son enfant dans ses émotions.

 Tout juste hier, je suis tombée sur une publication  qui disait en gros : les personnes fortes, indépendantes, résilientes ont d'abord été des enfants qui ont soufferts.

C'est vrai, mais cela questionne donc. Doit on protéger nos enfants à tous prix de toutes les difficultés, être un véritable rempart qui le préserverait de toute souffrance, ou doit on comme le pensent certains, les élever à la dure pour les préparer à affronter les affres de la vie ?

Comme toujours je crois que la vérité se trouve entre les deux. Surprotéger ses enfants ne leur sera pas bénéfique, les empêcher de vivre des épreuves est illusoire. À l'inverse les élever à la dure en espérant ainsi les protéger des souffrances futures est totalement contre-productif et c'est un non sens. J'imagine un parent comme dans les films qui fait souffrir sont enfant au travers d'entraînements intensifs pour en faire un guerrier... C'est pas vraiment le but hein !

N'oublions pas qu'en tant que musulmans, nous savons que l'épreuve est inhérente à l'existence, Allah est Ar Rahman ( le Tout Amour ) il ne nous éprouve pas pour nous châtier, Allah éprouve ceux qu'Il aime car les épreuves nous permettent de grandir, de tirer des leçons et d'avancer sur notre chemin de vie. Mais un enfant est il capable d'affronter cela ?

Il lui faut trouver comment surmonter les difficultés qu'il rencontrera dans sa vie, comment en sortir plus fort, comment ne pas se laisser malmener par des personnes malveillantes. Pour cela il va avoir besoin de nombreuses forces et capacités comme la confiance en soit, la patience, la bienveillance, la persévérance, le sens de la justice, la résilience etc.

Ainsi je crois que notre rôle en temps que parent est de les accompagner dans leurs épreuves afin de les aider à développer ses compétences. Par exemple lorsque nos enfants sont confrontés à des conflits avec d'autres enfants, en temps que parents nous ne devrions pas prendre parti, c'est ce que font pourtant la plupart des parents, mais en défendant notre enfant d'emblée corps et âme nous ne lui apprenons pas à relativiser, à prendre en considération les sentiments de l'autre etc. Nous devrions autant que possible nous comporter en juge impartial, même si, bien sûr nous ne pouvons totalement faire abstraction de nos sentiments et qu'en parallèle notre enfant à besoin d'être soutenu.

L'accompagner dans le conflit qu'il vit commence donc par l'écouter, puis le conseiller avec justesse, lui donner des outils pour tenter de résoudre le problème et lui proposer d'être médiateur si besoin ; Mais aussi lui apprendre à remettre en question son propre point de vue afin de se demander ce qui est juste. C'est difficile et long, il ne faut pas croire qu'un enfant va apprendre ça facilement, combien d'adultes en sont incapables ? Comme pour l'apprentissage de la politesse par exemple il va falloir répéter, répéter et répéter encore. Et surtout montrer l'exemple !

Autre cas : la mort d'un animal de compagnie ou pire d'un proche. C'est le moment où notre enfant à besoin de vivre son deuil, lui faire faire un tas d'activités ou lui racheter immédiatement un autre animal de compagnie peut sembler la bonne option pour le consoler, cela va pourtant le couper de ses émotions. Mais attention l'accompagner à vivre ses émotions, même négatives ne veut pas dire leur donner toute la place et laisser l'enfant s'effondrer dans la douleur. Il faut là aussi, écouter puis en parler, mais surtout rappeler que c'est dans l'ordre des choses, que tout être humain a perdu ou va perdre un jour quelqu'un qu'il aime. En temps que croyant cet aspect est sans doutes plus facile à accompagner car nous savons que la mort est intrinsèque à la vie, que l'un ne va pas sans l'autre, et même plus, que la vie sur terre n'est qu'une toute petite étape de l'existence de l'âme.

Nous vivons une aire où écouter ses émotions est devenu quelques chose d'important, même de considérable.

Je vais, comme j'essaie toujours de le faire, tenter de relativiser pour trouver un juste milieu incha'Allah. Exprimer ses émotions, les comprendre et les vivre est important, il est évident que les réprimer et les refouler est généralement néfaste... 

Mais ... Oui il y a un mais ! Être dominé par ses émotions, les laisser contrôler notre vie en ne nous référent qu'à elle serait vraiment dangereux.

Nous avons tous en nous une part de bon et une part de mauvais, celui qui le nie se ment incontestablement ! Un dicton dit : il y à deux loups qui se battent dans le coeur de l'homme, celui qui gagne est celui qu'on nourrit.

Ainsi les émotions se cultivent, bien sûr il y à des natures plus où moins pessimistes, plus ou moins optimistes. Mais nous pouvons apprendre à gérer nos émotions car nous ne devons pas nous laisser dominer par elles ! 

En temps que parent c'est un axe très important de l'éducation. Un enfant est très sensible à ses émotions, il les vit souvent pleinement et intensément, certains enfants les refoulent parfois, mais c'est assez rare et si on lui laisse la place de les exprimer, elle finiront par sortir.

Néanmoins, nous ne devons pas laisser nos enfants, comme nous ne devons pas nous laisser nous même, se faire totalement embarquer par ses émotions. Il est vite fait sinon de tomber dans la lamentation, la tristesse et l'affliction démesurée, de s'appitoyer sur soit et de devenir égocentrique.

J'ai souvent entendu : il faut savoir dire non, il faut s'écouter et se respecter. C'est vrai, mais il faut aussi savoir dire oui, écouter les autres et les respecter !

Le bon comportement et l'altruisme sont des valeurs essentielles au musulman. Nous ne pouvons pas être exclusivement tournés vers nous même. Quand quelqu'un à besoin d'aide nous devons essayer de l'aider, même si cela nous coûte, même si c'est difficile. Il est facile de donner de ses biens, il l'est bien moins de donner de soit !

Bien sûr il ne faut pas tomber dans l'excès de donner sans compter, au point de s'oublier soit même, de négliger ses propres besoins etc. 

Le juste milieu !

Par amour, par bienveillance, il faut être capable de prendre sur soit pour donner à l'autre, pour l'aider. Mais il faut le faire avec le coeur, en sont âme et conscience. Le faire à contre coeur pour en garder des ressentiments ne sert à rien, et dans ce cas en effet, il est sans doute préférable de s'abstenir.

C'est la même chose quand on vit une émotion difficile comme la colère, la peur, la jalousie. Oui il est important de reconnaître qu'on ressent cette émotion, de ne pas la refouler, mais il est tout aussi important de ne surtout pas s'y accrocher et la laisser passer. Bien qu'il soit naturel des les ressentir, on ne peut pas laisser libre cours à ses émotions là car on risquerait de blesser l'autre et donc de se faire mal à soit !

"L'homme fort est celui qui contrôle sa colère"

Dans un jardin, pousse ce qu'on y cultive, si on laisse les ronces, les orties et les chardons l'envahir, bien que ces plantes aient leur utilité, quand nous irons dans notre jardin, nous allons nous piquer. Si dans notre jardin, nous cultivons des fleurs, des légumes, des fruits, bien que les ronces, chardons et orties s'y développeront toujours, si nous en maîtrisons la croissance, lorsque nous irons à ce jardin ce sera pour régaler les sens de saveurs et de couleurs délicieuses.

Il en va de même pour l'être humain, chacun de nous est un jardin où ce développent les émotions, les sentiments et les valeurs que nous cultivons.

Et c'est cela que nous devons transmettre à nos enfants afin qu'ils cultivent leur jardin intérieur. Mais en temps que jardiniers du coeur, nous devons leur donner les bons outils !


Marina.B

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