Faire le deuil de l'enfant idéalisé


 Lorsque nous décidons de devenir parents, sans doute même bien avant, puis pendant la grossesse, nous construisons une image idéalisée de l'enfant que nous aurons. Idéalisée ne veut pas dire que nous désirons un enfant parfait, mais que nous projetons certaines choses, c'est inconscient et nous le faisons tous, c'est bien normal car tout parent rempli d'amour, veut ce qu'il y à de mieux pour son enfant, ce mieux dépendra des critères de chacun, de son propre vécu.

Mais comme le dit Khalil Gibran : vos enfants ne sont pas vos enfants ..

chez nous, musulmans, nous disons qu'ils sont une amana, autrement dit, ils nous sont confiés.

Ainsi nos enfants ne seront jamais cet idéal, cette projection que nous nous sommes fait.

Viendra un temps où, grandissant ils vont construire leur propre personnalité, leurs goûts, leurs aspirations qui pourront parfois nous dérouter, nous heurter, nous questionner. Ah c'est qu'ils ne nous sont pas confiés par hasard ces enfants, ils nous aident à progresser, et viennent bien souvent, appuyer là où nous avons justement besoin d'avancer, de cheminer, de nous améliorer. Ils sont souvent, un miroir qui nous amène à nous voir nous même enfants, avec nos propres blessures.

Alors viens le choc, plus où moins violent le fameux deuil de l'enfant idéalisé. Il nous faut accepter cet enfant tel qu'il est, même s'il ne correspond pas à nos propres attentes conscientisées ou non.

Parfois ce " choc" viendra très tôt et sera d'autant plus violent lorsque l'enfant est handicapé, qu'il à une maladie grave ou chronique. C'est alors toutes les projections que l'ont pouvait se faire qui sont remises en cause.

Peut être qu'il ne se mariera jamais, qu'il n'aura pas d'enfants, qu'il ne sera pas autonome etc.

Plus les parents auront eu de projections, plus le choc sera violent, car il y a aussi des parents qui projettent leurs désirs sur leurs enfants : ce père qui n'a pas pu faire médecine et qui voit déjà sont enfant devenir médecin, cette mère qui rêvait de faire carrière et qui refuse que sa fille choisisse d'être mère au foyer etc. Parfois c'est même l'inverse : nous sommes une famille d'ouvriers jamais il ne deviendra scientifique ... Nous sommes une famille d'intellectuels, elle ne sera pas artisane  et les plus subtiles : mon enfant sera libre de choisir la voie qu'il désirera ... puis l'enfant est handicapé et ne peut pas se permettre de choisir n'importe qu'elle voie. Mon enfant sera heureux car je ferai tout pour qu'il le soit ... et cet enfant souffre de troubles anxieux ...


Faire le deuil de cet enfant idéalisé est un travail, un cheminement qui impose de revenir à soit, à ses projections justement : qu'ai-je projeté sur mon enfant, consciemment ou inconsciemment ? Pourquoi ?

Pourquoi j'ai de la peine à accepter son handicap, sa différence etc. ? ( car il n'y a pas de parent qui soit heureux d'apprendre que son enfant a un handicap ou un trouble handicapant quel qu'il soit. Certains acceptent plus facilement ... )

Ce deuil suivra les même étapes qu'un deuil classique à savoir grosso modo : déni, colère, tristesse, acceptation.

Ces étapes sont nécessaires, et dans les cas les plus difficiles il n'y a aucune gêne à se faire accompagner par un thérapeute, un psychologue etc. Car ce peut être véritablement difficile ( en particulier lors de l'annonce de diagnostiques lourds de conséquences), un vrai tsunami pour certains !

Rappelons nous que ce deuil viendra même si l'enfant ne souffre d'aucun trouble ou handicap ou maladie.

Il y aura très probablement un moment où son développement viendra questionner nos projections, alors nous pouvons faire la sourde oreille ou nous saisir de cette occasion pour cheminer et apprendre à mieux se connaitre, mieux comprendre notre enfant et mieux se comprendre soit même. La relation n'en sera que plus belle !

Et vous avez le droit de craquer, de ne pas être forts tout le temps, de demander de l'aide et de vous effondrer. Quand on à un enfant malade ou même avec des besoins particuliers ont peu avoir ce sentiment ( fondé la plupart du temps ) d'être indispensable et de ne pas avoir le droit de laisser tomber. Mais n'oubliez pas ( et je sais combien c'est dur à appliquer ! ) si vous ne vous relevez pas car vous avez trop attendu, ce sera pire pour toute votre famille, votre enfant y compris.

Alors il est bon de savoir se reposer un peu de temps en temps, poser un genoux à terre, reprendre son souffle ...

A ceux qui ne trouvent pas d'aide autour d'eux, parmi leurs proches, sachez que pour les familles d'enfants handicapés ou malades il existe des aides humaines et aussi des séjours de répit. N'hésitez pas à vous renseigner. Quoi qu'il en soit vos enfants ont besoins de vous, mais de vous en bonne santé physique, psychique et mentale !

Pour les parents d'enfants sans troubles ou handicap, vous aussi vous avez le droit de demander de l'aide et souffler ! Et surtout, si la Vie, Le Vivant vous pousse à vivre un de ces moments qui paraît être une tempête, c'est qu'il y a une leçon à apprendre, une occasion à saisir pour devenir meilleur, pour en tirer le meilleur, même dans la difficulté ! 

5. A côté de la difficulté est, certes, une facilité!

6. A côté de la difficulté, est certes, une facilité!

Sourate 94

Il nous faut être capable de voir la véritable nature profonde de nos enfants et les aimer pour ce qu'ils sont.

Cette phrase put sonner comme une évidence mais l'intégrer et la vivre vraiment n'est pourtant pas si évident, car cela demande le plus souvent de s'accepter véritablement soit même.

Marina B

Commentaires

Articles les plus consultés